Aujourd’hui, nous nous intéressons à la FinTech à l’international ! Nous avons eu le plaisir d’échanger avec Jean-Baptiste Ama, en V.I.E en Espagne pour Neuroprofiler, une start-up spécialisée dans la finance comportementale, basée en Région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Bonjour Jean-Baptiste, pouvez-vous vous présenter, nous expliquer votre parcours ?
J’ai commencé mes études par une double licence en droit et psychologie à Dijon, puis j’ai passé un an en Erasmus à Vienne où je me suis spécialisé en droit international. Sur place, j’ai découvert des pratiques juridiques, des méthodes de travail et d’enseignement différentes, une toute nouvelle approche, ce qui m’a vraiment donné envie de m’orienter vers l’international. De retour en France, j’ai décroché un poste en cabinet d’avocat en parallèle de mon master en droit international, une superbe opportunité d’appliquer la théorie apprise dans le cadre de mes études.
J’ai continué avec un master 2 en droit des affaires internationales en alternance chez StudioCanal, puis par un mastère spécialisé en école de commerce, en tant que juriste manager international, toujours en alternance, cette fois chez Volkswagen. J’étais ravi de ce parcours, cependant il me manquait la dimension internationale et la pratique du droit à l’étranger, c’est pourquoi je me suis orienté vers un V.I.E.
Pouvez-vous nous présenter l’entreprise pour laquelle vous travaillez, Neuroprofiler ?
Neuroprofiler est une start-up, qui compte désormais 13 collaborateurs. Elle a été créée en 2016 par Tiphaine Saltini, qui a un doctorat en finance comportementale, et Julien Revelle, analyste quantitatif, en réponse à un besoin des distributeurs de produits financiers, qui sont dans l’obligation d’évaluer les préférences de risques et préférences ESG* des investisseurs en amont de la vente d’un produit financier. Nous faisons du B2B2C, nos clients sont des banques ou assurances qui font passer nos questionnaires d’évaluation à leurs clients.
* L’acronyme ESG signifie Environnement, Social et Gouvernance. L’investissement ESG fait donc référence à la préférence d’un client pour les investissements responsables avec un impact positif pour l’environnement, la société ou avec une bonne gouvernance.
Pouvez-vous nous présenter votre solution ? Quel est l’avantage ?
L’algorithme créé par les deux fondateurs de Neuroprofiler permet d’évaluer les préférences de risques, les connaissances en investissement et les préférences ESG des investisseurs au travers d’un questionnaire avant l’acquisition d’un produit financier. Ce questionnaire diffère de ceux que l’on retrouve dans toutes les banques car il utilise la “gamification” et repose sur la finance comportementale, ce qui permet d’éviter les biais cognitifs et d’avoir une évaluation la plus fidèle possible. Notre solution est interactive et 100% digitale. Le questionnaire est adaptatif et évolue en fonction des réponses et préférences du répondant, que ce soit en termes de durée ou du type de questions.
Comment s’intègre la partie juridique dans le développement international de l’entreprise ?
C’est assez difficile de travailler à l’étranger en tant que juriste car lors de mes études, les cours étaient orientés vers le droit français, c’est la raison pour laquelle je me suis spécialisé dans le droit international. J’ai rencontré Tiphaine Saltini, la CEO de Neuroprofiler, et mon profil juridique, orienté vers les sciences comportementales, lui a plu.
Dans notre cas, les contraintes règlementaires sont mises en place par l’Union Européenne, c’est donc du droit communautaire qui s’applique aussi bien en France qu’aux autres pays européens.
Ces contraintes sont en constante évolution : la grande nouveauté est l’évaluation des préférences d’investissement en matière de finance durable des investisseurs : un investisseur qui ne souhaite pas financer les activités d’une multinationale en particulier, pour des raisons personnelles, peut refuser ce type d’investissement. Il s’agit d’une grande révolution au niveau international, l’Union européenne est pour l’instant la seule à imposer ce type d’obligation avec l’implantation future d’une taxonomie sociale* avec orientation des financements des investissements particuliers vers des financements en finances durables, ou dans le social, pour la préservation des droits de l’Homme, par exemple.
*Il s’agit d’un système de classification des activités économiques du point de vue de la durabilité selon des critères « sociaux ». Elle aurait pour objectif de rediriger les flux de capitaux vers des entreprises et des activités qui respectent les droits humains et font preuve d’une bonne gouvernance d’entreprise. Sources : https://lessentiel.novethic.fr/, https://groupebpce.com/.
Parlez-nous de la présence internationale de Neuroprofiler ; dans quels pays êtes-vous implantés et pourquoi les avoir choisis ?
C’est justement ce contexte complexe d’évolution des contraintes qui est intéressant pour notre développement international : beaucoup d’opérateurs et de distributeurs financiers ne sont pas prêts pour ça. Notre solution répondant à un objectif de conformité au niveau européen, elle s’adresse à tous les distributeurs de produits financiers en Europe car les obligations sont les mêmes pour tous. C’est un avantage pour nous, car nous pouvons toucher des clients luxembourgeois, espagnols, allemands, etc. Nous nous sommes donc exportés à Milan où nous avons une V.I.E à temps partagé, en charge de la prospection sur place. Je suis personnellement déployé à Barcelone avec 3 autres V.I.E, notre objectif est de toucher des opérateurs sur le marché espagnol, portugais et allemand, pour développer nos activités partout en Europe et au-delà. De plus, depuis la crise sanitaire, les outils de communication à distance se sont fortement développés et démocratisés, ce qui permet aux V.I.E de couvrir d’autres zones géographiques, en dehors de leur pays d’affectation.
Nous proposons également une plateforme e-learning basée sur la “gamification” qui permet aux investisseurs qui n’auraient pas les connaissances leur permettant de comprendre et appréhender la complexité des produits financiers, le but étant de se familiariser avec ces produits, de démocratiser la finance et d’intéresser de potentiels nouveaux investisseurs.
Pourquoi avoir fait le choix du dispositif V.I.E pour votre développement international ?
La mise au point et le développement de nos services ont été assez longs car nos solutions ont fait l’objet d’une étude approfondie, la commercialisation est par conséquent plutôt récente. Nous n’avions pas forcément les moyens financiers de recruter des profils en CDD ou CDI pour notre développement international. En ce sens, le V.I.E est un dispositif très intéressant, qui nous a permis de recruter 2 jeunes commerciaux pour l’Italie et l’Espagne. Mais les profils commerciaux ne sont pas les seuls concernés. Le dispositif permet de recruter des profils qualifiés, avec déjà de l’expérience. Ce sont des profils qui ont une véritable appétence pour l’international avec un projet de vie au moins à court terme à l’étranger. C’est une belle opportunité autant pour le V.I.E que pour l’entreprise !
Quelles sont les missions de ces V.I.E au quotidien ? Quels sont leurs objectifs ?
Une grande partie de leur mission est consacrée à la prospection, la recherche de nouveaux clients, le développement de notre réseau afin de présenter nos solutions à ces prospects. Comme je vous le disais précédemment, beaucoup de distributeurs de produits financiers ne maîtrisent pas les tenants et les aboutissants des conformités règlementaires car ils n’ont pas forcément les ressources en interne ; nos business developers ont donc été formés et ont un rôle de consultant auprès de ces acteurs du marché.
Quelles perspectives pour l’avenir ? Quelques conseils à donner aux start-ups qui souhaiteraient se développer à l’international ?
Pour les années à venir nous souhaitons continuer à nous étendre d’abord en Union Européenne puis au-delà, à une plus grande échelle. Nous avons également comme projet de développer d’autres solutions pour répondre à des besoins dans d’autres domaines.
En termes de conseils, le V.I.E est un excellent moyen d’aborder l’international. Très flexible, le dispositif permet de recruter des jeunes qualifiés et motivés. Je recommande également d’effectuer un travail de recherche en amont du lancement à l’export afin de recenser les outils et les structures d’accompagnement pour identifier les aides disponibles. De notre côté, nous avons bénéficié d’aides de la Région SUD pour notre V.I.E grâce à l’Imed mais aussi de BPI dans le cadre plus large de nos activités à l’international. De plus, le chèque V.I.E, prolongé jusqu’à la fin de l’année 2022 permet de compléter les financements régionaux.
La participation à des concours nous a également aidés. Notre solution a été récompensée par de nombreux prix. Nous avons, entre autres, participé au KPMG International challenge, Petit Poucet, Montréal Fintech, Paris Fintech Forum, le réseau Entendre, nous avons été intégrés à l’incubateur Paca Est,… Cela a été une vraie chance pour nous car cela nous a permis de gagner en visibilité, de faire rayonner Neuroprofiler dans le monde entier, d’entrer en contact avec d’autres entreprises innovantes pour développer nos solutions.
Découvrez tous nos témoignages entreprises :